Le Canada, pas si jeune que ça
L’exploration du Canada par les Européens a commencé avec les Vikings vers la fin du Xe siècle sur la côte Est canadienne. Après l’arrivée de Jacques Cartier en 1534, au cours des trois siècles suivants, des explorateurs britanniques et français se sont déplacés de façon graduelle vers le nord.
Les vikings lancent l'exploration
L’exploration du Canada par les Européens a commencé avec les Vikings vers la fin du Xe siècle sur la côte Est canadienne. Après l’arrivée de Jacques Cartier en 1534, au cours des trois siècles suivants, des explorateurs britanniques et français se sont déplacés de façon graduelle vers le nord. Les intérêts commerciaux, souvent axés sur les ressources, menaient souvent les explorations ; par exemple, la route occidentale pour rejoindre l’Asie et plus tard, le commerce des fourrures. Vers le milieu du XIXe siècle, la plupart des principales caractéristiques géographiques du Canada étaient tracées par les colons européens
Du Xe au XIe siècle
Jusque vers la fin du XVIe siècle, les connaissances européennes sur la partie du continent américain la plus proche, l'extrémité est de Terre-Neuve, sont floues et incertaines.
Au VIe siècle, un moine irlandais, saint Brendan, aurait vu des parties du littoral atlantique du Canada. Cependant, des fouilles archéologiques effectuées à L'Anse aux Meadows, près de la pointe nord de Terre-Neuve suggèrent que des aventuriers vikings auraient été les premiers Européens à fouler le sol du continent à la fin du Xe siècle et au début du XIe siècle.
Elles montrent que le premier à apercevoir le continent a sans doute été Bjarni Herjolfsson en 985 ou en 986, et que vers l'an 1000, Leif Eiriksson a foulé le sol lors de la première d'une série d'expéditions qui se termineront par l'établissement de courte durée d'une colonie viking.
Malgré ces colonies vikings, lorsque les Européens se dirigent vers le nord-est de l'Amérique, à la fin du XVe siècle, ils ignorent sans doute la route et les découvertes de leurs prédécesseurs.
XV-XVIe siècles
Terre-Neuve ou ses environs vers 1480, avant les voyages de Colomb en 1492. Cependant, la seule preuve tangible est celle de l'expédition de l'Anglais John Cabot, en 1497, qui fait le premier voyage connu vers le continent américain à l'époque des grandes découvertes. Les explorateurs de l’époque cherchaient une route occidentale pour rejoindre l’Asie.
Cabot a probablement accosté au Maine, en Nouvelle-Écosse, à Terre-Neuve et au Labrador. Il en voit certainement assez pour organiser l'année suivante une entreprise plus ambitieuse, mais qui se termine par un désastre.
Les activités de la famille portugaise Corte-Real dans cette région vers 1500 et 1503 sont aussi difficiles à préciser. De plus, la rumeur, au sujet de l'expédition vers 1508-1509 du fils de John Cabot, Sebastian, peut simplement avoir été une supercherie.
Les cartes de l'époque montrent un contour sommaire et hésitant provenant des découvertes espagnoles autour du Nord-Est des Carolines jusqu'aux régions de pêche à la morue, mais on ne comprend toujours pas que Terre-Neuve est une île, et l'on n'a pas d'idée claire sur la côte séparant les découvertes espagnoles et les régions de pêche, à 3 000 km au nord, où les Anglais, les Portugais et les Bretons sont présents.
Bien que Giovanni da Verrazzano, au service de la France, navigue de la Caroline du Nord jusqu'à Terre-Neuve en 1524, il reste trop éloigné de la côte pour voir le détroit séparant le Cap-Breton de cette île, ce qui le prive de la découverte du golfe du Saint-Laurent.
Jacques Cartier (1491 - 1557)
Au cours de son voyage de retour, Cartier passe par le détroit de Cabot entre le Cap-Breton et Terre-Neuve. Puisqu’il a utilisé les entrées nord et sud du golfe, il peut prouver que Terre-Neuve est une île. Le grand fleuve, avec ses affluents, va permettre aux Français d'explorer et de diriger une grande partie du Nord-Est du continent au XVIIe siècle. Il découvre aussi les hivers canadiens lorsqu'en 1535-1536 le gel le force à passer l'hiver à Stadacona, et que près du quart de ses hommes meurent de froid et de scorbut.
Les négociants de Montréal acquirent en 1679 un poste, plus proche, dans l'Abitibi-Témiscamingue, près des lacs Temagami, Nipissing, Abitibi, puis un autre à Port Nelson en 1682, en créant la Compagnie de la Baie du Nord.
En mars 1686, peu après l'arrivée du nouveau gouverneur, Louis XIV lui adresse un message dénonçant « le mal que le nommé Radisson a fait à la colonie et celui qu'il serait capable de faire s'il restait plus longtemps parmi les Anglais ».
Durant son dernier séjour, ses relations s'enveniment avec les Premières Nations qui habitent la vallée du Saint-Laurent. À cette époque, les Iroquoiens, qui jouent un rôle si important dans l'histoire du Canada, figurent à partir de ce moment dans les carnets de voyage et l'univers des Français. Bien que Cartier n’ait pas trouvé « les grandes quantités d'or et les matières précieuses » qu'on lui demandait de rapporter, il réussit toutefois à localiser les pêches abondantes du golfe et les fourrures, attisant la convoitise des Européens. À l’instar de Cabot et Verrazzano, il n'a pas atteint pas le Pacifique, mais a trouvé la route de l'Ouest.
Pendant le restant du XVIe siècle, les Français et les autres Européens continuent d'exploiter la pêche et la traite des fourrures, mais, après Cartier, les expéditions françaises ne dépassent pas Tadoussac.
Exploration de l’Arctique et passage vers le Nord-Ouest
Les nouvelles explorations, qui débutent vers 1570, se font plus au Nord (voir Arctique, exploration de l'), où les Anglais en particulier font plusieurs tentatives le long de la côte est de l'Arctique pour trouver une voie navigable vers le Pacifique à travers les glaces.
Martin Frobisher, John Davis, William Baffin et Henry Hudson sont parmi les explorateurs qui cherchent le passage du Nord-Ouest, mais en vain. Ces recherches font découvrir à l'Europe la grande mer intérieure qu'est la baie d'Hudson, explorée par la suite en une série d'expéditions se terminant par celles de Luke Fox (1631) et de Thomas James (1631-1632), et la domination anglaise sur ces eaux.
XVIIe siècle
Une autre voie de pénétration est nécessaire si les Anglais veulent défier les Français. En effet, au début du XVIIe siècle, les expéditions de Samuel de Champlain corroborent et surpassent même les affirmations de Cartier. Le début du XVIIe siècle prend une nouvelle orientation : en 1600, le premier poste de traite européen au Canada est construit à Tadoussac. En 1603, Champlain suit l'ancienne route de Cartier menant à Hochelaga et explore plus avant le Saguenay et le Richelieu. L'année suivante, il débarque en Acadie, où il explore la baie de Fundy et, en 1605, il établit Port-Royal.
En 1607, les Français traçaient les cartes de la côte atlantique du Cap-Breton au Cap Blanc (Cape Cod). Les écrits de Champlain et sa dernière carte de 1632 montrent l'étendue de ses explorations : une route au nord du Saint-Laurent par la voie du Saguenay et du Saint-Maurice, une route qui remonte le Saint-Laurent jusqu'à l'Hudson en empruntant le lac Champlain, l'exploration d'une grande partie de la côte acadienne et l’idée des Grands Lacs fondée sur les explorations européennes et les connaissances des Premières Nations.
Missionnaires Jésuites
Les Relations des Jésuites, c’est-à-dire les documents compilés par les missionnaires jésuites au Québec, sont une source de renseignements unique pour les explorateurs pendant les 40 années qui suivent la mort de Champlain, survenue en 1635. L'intérêt premier des missionnaires est de noter le mode de vie des Amérindiens et surtout de les convertir, mais leurs voyages leur apportent aussi une connaissance poussée du pays. Dans les Relations, ils décrivent en détail fleuves, rivières, forêts, marécages et portages, hivers rudes et étés courts infestés d'insectes. Pour la première fois peut-être, la nature canadienne prend forme pour les lecteurs européens.
De leur mission en Huronie, les Jésuites s'étendent vers l'Ouest, vers 1640, jusqu'à Sault-Sainte-Marie et fondent un poste à Ville-Marie, où la rivière des Outaouais offre une nouvelle route vers l'Ouest. Les descriptions faites par les Autochtones et les missionnaires du lac Supérieur, que quelques-uns prennent pour la porte vers le Pacifique, dominent dans les récits des Jésuites. D'autres voyageurs français cherchent de nouvelles routes pour relier le lac Supérieur, la baie Georgienne et le lac Ontario, rejoignent le Niagara en partant du lac Ontario et hivernent au lac Érié (1669-1670).
Ville Marie - Berceau de Montréal
Ces renseignements épars sont rassemblés par les Jésuites en une carte, celle des Grands Lacs de 1672. Les Relations font allusion aux coureurs de bois, ces aventuriers de l'expansion et des découvertes françaises, allant vers l'Ouest à la recherche de fourrures. L'importance des guides amérindiens ressort clairement des récits français.
Commerce de la fourrure
La connaissance du terrain des Autochtones, des habitants, de la vie animale et de leurs compétences à titre d'interprètes et de médiateurs est inestimable pour les explorateurs français. Les Européens observent et adoptent aussi les moyens de déplacement des Autochtones (canots d'écorce l'été, raquettes l'hiver).
Un des récits les plus authentiques et vivants de la vie parmi les Hurons et les Mohawks au milieu du XVIIe siècle est écrit par Pierre-Esprit Radisson, dont les expéditions avec Médard Chouart Des Groseilliers, bien que souvent imprécises quant à la direction et à la position, sont d'une extrême importance pour le commerce.
Pendant leurs voyages, qui peuvent très bien les avoir menés jusqu'au lac Supérieur, ils apprennent que les fourrures de qualité supérieure apportées aux Français proviennent des Cris, qui vivent près de « la baie de la mer du Nord » (baie d'Hudson). Des Groseilliers et Radisson sont convaincus que la route la plus directe pour les acheminer n'est pas le long parcours en canot jusqu'au Saint-Laurent et à Montréal, mais plutôt celui du Nord jusqu'à la baie d'Hudson, puis vers l'Europe par bateau.
En 1670, cette idée ne conduisait pas à sa mise en œuvre par les Français, mais plutôt à la création de la Compagnie de la baie d'Hudson (CBH) par les Britanniques. Cela marque le début de 150 ans de rivalité entre commerçants pour la conquête des routes du pays des fourrures, celle du Saint-Laurent et celle de la baie d'Hudson, et entraîne en même temps une course à l'exploration vers la côte du Pacifique.
Bien que les Français réussissent finalement vers 1670 à parvenir à la baie James par le Saguenay et le lac Mistassini, cette route tortueuse n'a pas la même faveur que le détroit d'Hudson. Vers 1690, la nouvelle compagnie dispose de postes de traite sur les rives de la baie James, mais elle fonde aussi York Factory aux embouchures du fleuve Nelson et de la rivière Hayes, voies navigables pénétrant loin dans l'ouest du continent.
Henry Kelsey
Compagnie de la baie d'Hudson montre peu d'intérêt pour l'exploration à l'intérieur du continent, mais de 1690 à 1692, un de ses employés, Henry Kelsey, fait un périple remarquable. Voyageant avec les Cris, il atteint la rivière Saskatchewan, empruntée par les Autochtones qui s'adonnent à la traite, et de là, les grandes plaines, où il aperçoit d'immenses troupeaux de bisons et où vivent les Assiniboines, qui parlent le sioux, et les Pieds-Noirs, qui parlent l'algonquien.
Vers le Nord, la prairie cède la place à la forêt peuplée d'une multitude d'orignaux, de chevreuils et de castors : c'est un pays riche, comparativement à la région de York Factory. Le succès de Kelsey tient au fait qu'il parle le cri, qu'il vit et voyage avec les Autochtones. Il est le premier Européen à atteindre la rivière Saskatchewan et les Prairies canadiennes, et le premier à donner une description de l'ours gris et du bison. Les historiens ne découvrent qu’en 1926 The Kelsey Papers, qui relatent ses voyages. Hormis Kelsey, les seules expéditions intérieures anglaises connues partant de la baie d'Hudson sont celles, en direction du Nord-Ouest, de William Stuart (1715-1716) et de Richard Norton (1717-1718), chez les Chipewyans.
XVIIIe siècle
Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, les Français prennent la tête en termes d’exploration de l'ouest du lac Supérieur. En 1688, Jacques de Noyon atteint le lac à la Pluie et, peut-être l'année suivante, le lac des Bois. Au cours de ces voyages, il entend des récits trompeurs au sujet de la rivière et du lac Winnipeg. À ce stade, le mouvement vers l'Ouest cesse jusqu'au Traité d'Utrecht (1713), qui met fin aux guerres prolongées entre les Anglais et les Français en Amérique du Nord.
Les Français sont convaincus qu'il y a, pas très loin vers l'Ouest, une sorte de Méditerranée nord-américaine, rejoignant le Pacifique par un détroit (peut-être celui prétendument découvert sur la côte ouest par Juan de Fuca en 1592) et reliée de l'autre rive aux fleuves, aux rivières et aux lacs de l'Est fréquentés par les Français. Cette opinion déforme toutes les conceptions géographiques de l'Ouest du Canada, car elle ne peut pas coexister avec une chaîne de montagnes s'étendant du Nord au Sud. Les Rocheuses n'apparaissent sur les cartes qu'à la fin du XVIIIe siècle.
La tâche des derniers grands explorateurs français, La Vérendrye et ses fils, est de chercher cette mer de l'Ouest et de trouver de nouvelles régions de traite. Ils parcourent surtout la partie « américaine » de l'Ouest, et avant la mort du père, remontent vers le Nord. En 1739, un des fils, Louis-Joseph, atteint la rivière Saskatchewan. Comme on ne connaît pas les expéditions de Kelsey, Louis-Joseph est souvent considéré comme le premier Européen à avoir découvert la rivière.
Les Autochtones lui parlent d'une grande chaîne de montagnes à l'Ouest, mais les géographes, obsédés par l'idée de mers intérieures, de rivières et de fleuves coulant vers l'Ouest et un océan Pacifique proche, ne sont pas convaincus de ces affirmations. Ce qui importe surtout, c'est l'érection de forts français d'Est en Ouest, près des lacs à la Pluie, Winnipeg, Cedar, et finalement, en 1753, celle du fort Saint-Louis, près de Forks.
Des explorateurs espagnols et des navires de commerce naviguent aussi le long de la côte. Cependant, c'est le relevé méticuleux de Vancouver, publié en 1798, qui constitue le rapport définitif de ce littoral compliqué. Pour la première fois, les véritables contours du Canada moderne apparaissent sur les cartes, plus particulièrement sur celles d'Aaron Arrowsmith, qui a accès aux relevés de l'Amirauté britannique, de la Compagnie de la baie d'Hudson et de la Compagnie du Nord-Ouest, dont les cartes représentant l'Amérique du Nord à partir de 1795 rendent compte du rythme accéléré des explorations sur tout le continent.
XIXe siècle
Les expéditions terrestres suivent de minces repères dans les Prairies, à travers les montagnes et jusqu'aux océans Pacifique et Arctique. Après Mackenzie, Duncan McGillivray traverse en 1801 les Rocheuses en empruntant le col White Man, mais il s'arrête bien avant d'être rendu à la mer. En 1808, Simon Fraser suit le fleuve qui allait porter son nom jusqu'à l'océan, et en 1811, David Thompson fait une découverte d'une importance capitale pour le commerce lorsqu'il suit le fleuve Columbia jusqu'à son embouchure dans le Pacifique, qui appartient déjà aux Américains.
Mais, en dehors de ces chemins, tout n'est plus qu'incertitude, ignorance et supposition. L'exploration sérieuse, quoique sporadique, continue donc des deux côtés des montagnes. Pendant que les hommes de la Compagnie du Nord-Ouest entreprennent des voyages plus spectaculaires depuis la fin de la décennie 1770, la Compagnie de la baie d'Hudson a formé et utilisé des explorateurs compétents (Philip Turnor, Thompson, Peter Fidler ) qui, avec l'aide des guides autochtones, relèvent sur cartes les cours d'eau du pays de la fourrure avec un soin et une précision auparavant inconnus.
Après l'union des deux compagnies rivales en 1821, la CBH, maintenant plus importante que jamais, continue à meubler ses cartes. La colonisation se limitant aux colonies de l'Atlantique, à la vallée du Saint-Laurent, au Haut-Canada et à la rivière Rouge, la traite des fourrures apporte la motivation et les ressources voulues pour l'exploration, découvrant de nouvelles régions pour les pelleteries et trouvant de meilleures routes dans celles qui sont explorées. À la frontière de la traite des fourrures, dans la vallée du Mackenzie et de l'autre côté des montagnes, dans ce qu'on appelait la Nouvelle-Calédonie, l'exploration des cours d'eau continue.
Samuel Black, John McLeod et Robert Campbell empruntent, de chaque côté des Rocheuses, en amont de la rivière de la Paix, la rivière Liard se jetant dans le fleuve Mackenzie, les rivières Pelly et Lewes se dirigeant vers le Yukon et la rivière Stikine, qui rejoint l'océan en Alaska. Dans l'Est, des motifs commerciaux semblables amènent James Clouston, William Hendry et John McLean à effectuer la première traversée d’Européens de la péninsule du Labrador.
Les côtes polaires
Ces explorations ont lieu en grande partie à l'intérieur et même à l'extérieur des riches territoires où se pratique la traite des fourrures, qui perd peu à peu son importance. Dans le Sud, l'intérêt porté à la colonisation surpasse la demande de pelleteries et, pour cette raison, un autre genre d'exploration s'avère nécessaire. L'agriculture, la colonisation, les lignes télégraphiques et les lignes de chemin de fer y deviennent très importantes. C'est dans ce contexte qu'il faut replacer les missions de S. J. Dawson, de H. Y. Hind et du capitaine John Palliser au milieu du siècle.
Sources : L'encyclopédie Canadienne
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